distraction
En chine, on
peut faire une licence de mannequinât à l'université. Si, si, si. Oh, j'entends déjà s'enthousiasmer vos
phantasmes confucéens « quelle nation lettrée ! Que de jolies filles
pleines de talent ! » et bla bla et bla
Mais comme vous le savez, votre
humble reporter n'est pas au service de la glandeur de la nation, aussi
s'est-elle enquise un peu plus loin :
- : « euh, il y a vraiment un département UNI
VER SI TAIRE de formation des mannequins ? »
- « oui, oui, une licence, en quatre
ans. »
Là, je ne vous cacherais pas que
mes tentatives d'objectivités s'esclaffèrent dans un indécent fou rire de trois
minutes, mais reprenant mon sang-froid, j'ai quand même pu mener à bien cette
interview captivante :
- « Avec des cours de Marx-Lénine-Mao, comme
tout le monde ? »
Me voila rassurée, nos Polly Magoo
de la mode asiatique n'ont pas la tête creuse. Loin s'en faut, quand bien même
faudrait-il vous rappeler que ces cours de « philosophie » c'est
comme ça que ça s'appelle, représentent 40% des cours de licence de TOUS les étudiants
chinois.
Donc, les 60% restants ?
- : « Pourriez-vous me préciser précisément
en quoi consiste le programme de leurs 4 années d'études universitaires ?
Apprendre à défiler sur une scène un pied devant l'autre ?»
- « Oui, exactement, elles ont des cours de
déambulation sur scène. »
( Là, je me rappelle une copine chinoise il y a quelque temps : "comme tu marches bien avec des talons !!! tu as appris où ? ")
- « Donc, des cours de déambulation pendant 4 ans ? Remarque, le déhanché, ça doit prendre un moment...»
- «
oui, mais aussi des cours de e et de
maintien, parce qu'il faut qu'elles apprennent à être des personnes de
grandes "qualité" pour pouvoir bien exprimer les vêtements qu'elles
portent. »
Là, perspicaces,
vous aurez décelé le fin mot de l'affaire : les mannequins chinoises
doivent aller à la fac, non pour acquérir une somme de connaissances
universitaires, mais pour se dégrossir au mieux de leur ignorance crasse du
monde, du corps, des choses, qui transparaît dans le moindre de leur geste .
Est-il besoin de mentionner qu'en dehors de l'école, nulle possibilité d'épanouissement
genre danser la samba le samedi soir, en chine ?
- -« euh, ben vous savez, c'est un peu
difficile pour une étrangère obtuse de
bien saisir le contenu des cours, parce que moi, je suis un tantinet rétro,
et j' ai encore tendance à considérer que la valeur humaine d'une personne se développe
tout au long de sa vie, qu'elle est l'expression de son émotivité (ce mot est
une insulte, je vous raconterai pourquoi un autre jour ), de sa sensibilité
comme de l'accumulation de ses expériences humaines, physiques particulières...tout un tas de trucs
pas faciles à apprendre à la fac en France...»
-«
.. ? Mais elles ont des cours de stylisme, d'art de la vie, de dessin, etc.... »
- -« Ah ! Génial ! donc elles
peuvent aussi être stylistes ? »
- « Ben non, en fait, leur formation est pas
assez poussée... c'est des ersatz... »
- « Et elles peuvent choisir l'option
« comment agrafer ma chemise toute seule? »
Je vais encore passer pour une
infâme réductrice d'imaginaire, je sais...
Je commence à me dire que les mannequins occidentales sont des lumières, d'être parvenus à se forger autant de connaissances de la mode, du goût, de la déambulation, du portage de vêtement, comme ça, au contact de la vie, des gens et d'une vague formation accélérée. Ou bien manqueraient-elles sincèrement de solides bases en philosophie ?
1-rares sont
les texte où la troisième personne peut se décliner au féminin tout du long,
aussi me suis-je laissée emporter dans un élan d'optimisme
2- les hommes
sont peut-être mannequins aussi, mais la mode au départ est une expression de
domination des femmes, il s'agit donc d'une minorité masculine qui n'a aucune
raison historique de l'emporter. Na !